Jeudi 30/01 à la Comédie de Caen, rencontre et conférence avec Olivier Neveux, du département des études théâtrales de l’ENS de Lyon, auteur d’un récent Contre le théâtre politique.
Précédant avec à-propos la représentation de la dernière création d’Elise Vigier et Marcial du Fonzo Bo, le Royaume des animaux de Roland Schimmelpfennig, les liens entre les observations d’Olivier Neveux et la dramaturgie de Schimmelpfennig et la mise en scène d’Elise Vigier et Marcial di Fonzo Bo se sont révélés très stimulants.
Quelques extraits épars:
Explication du titre Contre le théâtre politique: il y a une inflation de la revendication de l’étiquette « théâtre politique »: on assume de parler politiquement de la politique depuis un lieu politique (…)
Au théâtre, parler de politique et d’actualité est devenu une sorte d’impératif absolu d’efficacité sociale, intériorisé par les artistes, par exemple avec les demandes de subvention. (…)
Il faut résister à la concurrence néolibérale qui opère au sein même de la culture, qui est elle-même dans le déni de cela. (…)
La politique au théâtre serait de montrer qu’il y a une alternative à ce qui est, et de faire émerger, en situation, la possibilité de cette alternative. (…)
Il s’agit de faire advenir l’invisible dans le visible: rendre le système visible (…)
La philosophie de Rancière appelle à inverser le rapport politique au théâtre: ce n’est pas le savoir qui produit la révolte, mais la révolte qui produit des envies de savoir. Le théâtre politique ne peut donc être didactique et devenir le tuteur de celui qu’il veut émanciper (…)
La politique au théâtre: laisser une place à l’activation du spectateur (…)
Le théâtre offre notamment du fictif, c’est-à-dire une possibilité autre, pas du fictionnel qui est en dehors de l’existence réelle, mais une existence alternative. Et ce fictif a des effets sur nos vies (…)