Nous apprenons le décès de Michel Vinaver, dramaturge français essentiel. Sa longévité artistique des Coréens (1956) à Bettencourt boulevard, une histoire de France (2015), son attrait pour la représentation des milieux économiques, du monde du travail, de la société capitaliste, ses engagements contre l’extrémisme en font une figure singulière du 20ème et du 21ème siècle théâtral. Auteur, mais aussi patron d’entreprise et universitaire (Ecritures dramatiques), il a produit une dramaturgie de la parole , du montage, des interférences du dialogue qui a rendu concrets et clairs la politique, la société et l’histoire de notre époque.
Voir l’article du Monde de Fabienne Darge:
Le dramaturge Michel Vinaver, analyste minutieux de l’évolution du capitalisme, est mort
Pendant des années, il aura été cadre puis PDG de Gillette France en même temps qu’il composait l’une des œuvres les plus importantes du théâtre contemporain. De « A la renverse » à « Par-dessus bord », il a décrit avec un regard acéré la position de l’homme dans le champ économique. Il est décédé dimanche à 95 ans.
Sa vie a embrassé l’histoire sur près d’un siècle, et il en a fait une des œuvres les plus importantes du théâtre contemporain. Michel Vinaver, père de l’actrice Anouk Grinberg, est mort, dimanche 1er mai, à l’âge de 95 ans. Auteur d’une petite vingtaine de pièces, il restera notamment comme le grand dramaturge de l’homo economicus, l’analyste minutieux de l’évolution du capitalisme au fil du XXe siècle. Un capitalisme qu’il connaissait de l’intérieur, pour avoir été, pendant trente ans, cadre dirigeant puis PDG de Gillette France.
De A la renverse à Par-dessus bord, des Travaux et les Jours à La Demande d’emploi, ses pièces, qui ont été montées par des metteurs en scène importants comme Roger Planchon, Antoine Vitez, Alain Françon, Jacques Lassalle ou Christian Schiaretti, ont inscrit comme jamais auparavant l’homme dans le champ économique. Mais aussi dans celui de l’histoire, qu’il s’agisse de la guerre de Corée, de la guerre d’Algérie, du 11-Septembre ou, plus récemment, de l’affaire Bettencourt, considérée comme « une histoire de France ».
Michel Vinaver, de son vrai nom Michel Grinberg, était né le 13 janvier 1927, dans une famille d’émigrés juifs russes. Son père, antiquaire, tenait un magasin qui s’appelait A la vieille Russie, et la famille baignait dans le milieu russe d’émigration, dont le grand-père maternel de Michel Vinaver, Maxime Vinaver, était une des figures : fondateur du KD, le Parti constitutionnel démocratique, en Russie en 1905, il continuait à travailler avec son dirigeant, Pavel Milioukov.
Michel Vinaver a toujours dit que la judéité, en revanche, était totalement absente dans sa famille, sur le plan religieux comme sur le plan identitaire. « C’est avec Vichy que j’ai appris que j’étais juif », racontait-il dans un entretien en janvier 2009. La famille s’enfuit en 1941, grâce au roi Farouk, qui fréquentait le magasin paternel. Michel Vinaver se retrouve lycéen à New York, puis s’engage volontairement dans l’armée française, en 1944-1945. Il passe un an de caserne en caserne, sans combattre, et signe son premier geste d’objection face à ce qu’il estime être « l’absurdité » de la vie militaire.
Rencontre avec Camus
De retour aux Etats-Unis, il étudie la littérature anglaise et américaine, traduit The Waste Land, de T.S. Eliot. Ces humanities, qui étaient aussi très centrées sur l’étude de la civilisation grecque antique, l’ont « marqué pour la vie ». C’est à New York qu’il rencontre Albert Camus, qu’il « admirait sans réserve ». Camus l’encourage à écrire et publiera chez Gallimard le premier roman de Michel Vinaver, Lataume, en 1950, et le second, L’Objecteur, en 1951.
Même si les deux hommes divergeront ensuite nettement sur le rôle de la littérature, le jeune écrivain se sent alors très proche de l’auteur du Mythe de Sisyphe : « Ce qui me reliait à lui, très intimement, c’était le thème de l’étranger : le fait de ne pas appartenir. D’être réfractaire, et non pas révolté – je n’ai jamais été un homme révolté. Cette incapacité à être dans la conformité générale qu’a Meursault dans L’Etranger. » Lire aussi Article réservé à nos abonnés Michel Vinaver : « C’est extraordinaire que Camus ne m’ait pas envoyé au diable »
Entre-temps, Michel Vinaver est rentré en France, en 1947. Il s’inscrit en sociologie à la Sorbonne, avec Georges Gurvitch, et se passionne pour les recherches de Marcel Mauss, notamment pour son Essai sur le don. Il cherche du travail. Il est embauché chez Gillette et, « sur un malentendu », nommé chef du service administratif de la filiale française. Il restera dans l’entreprise américaine, dont il devient en 1966 le PDG pour la France, jusqu’en 1982. Cette expérience nourrira notamment deux de ses plus grandes pièces, Par-dessus bord, véritable épopée du capitalisme, et King, qui met au centre la figure de King C. Gillette, le fondateur de la firme américaine.
Quand on demandait à Michel Vinaver s’il n’y avait pas de contradiction entre ses deux vies, celle de l’écrivain et celle du patron, il répondait que « c’était pour [lui] ce qu’il fallait : avoir un métier qui n’a rien à voir avec l’écriture ».
Quand on demandait à Michel Vinaver s’il n’y avait pas de contradiction entre ses deux vies, celle de l’écrivain et celle du patron, il répondait que « non seulement il n’y avait pas de contradiction », mais que « c’était pour [lui] ce qu’il fallait qu’[il] adopte comme conduite de vie : avoir un métier qui n’a rien à voir avec l’écriture. Ne pas même songer à vivre du produit de [sa] plume, ne pas être non plus dans un métier annexe. Pour préserver l’autonomie de l’écriture. C’est lié au fait que pour moi l’écriture n’est pas faite pour communiquer, pour délivrer un message », ajoutait-il.
C’est la rencontre avec Gabriel Monnet, une des grandes figures de la décentralisation théâtrale en France, au début des années 1950, qui va l’amener à écrire, en 1955, sa première pièce, Aujourd’hui ou les Coréens, située pendant la guerre de Corée. Après cela, Michel Vinaver n’écrira plus de romans et se consacrera exclusivement à l’écriture de théâtre et à celle d’essais sur l’art dramatique. La pièce, mise en scène par Roger Planchon au TNP de Villeurbanne, puis à Paris par Jean-Marie Serreau, rencontre immédiatement un fort écho, bien qu’elle tranche absolument avec les deux mouvements qui dominent la vie dramatique de l’époque : le théâtre engagé brechtien et le théâtre de l’absurde.
Ne plus être soumis à la narration
Roland Barthes, avec qui Michel Vinaver restera ami jusqu’à la fin de sa vie – son théâtre doit beaucoup aux Mythologies barthiennes –, défend la pièce, contre ses amis brechtiens qui l’attaquent violemment, lui reprochant de ne pas avancer de point de vue politique direct. Mais la légitimité apportée par l’auteur du Degré zéro de l’écriture encourage le jeune cadre d’entreprise à écrire une autre pièce, Les Huissiers, qui met en scène un problème économique sur fond de ce qu’on n’appelait pas encore la guerre d’Algérie. « En écrivant cette deuxième pièce, j’ai compris qu’avec l’écriture dramatique, j’avais trouvé mon champ : celui qui me permettait de ne plus être soumis à la narration. Dans mes romans, d’ailleurs, j’avais fait le minimum dans la continuité narrative, et le dialogue était premier. »
Ensuite, il y aura Par-dessus bord, en 1969, épopée de sept heures, première grande pièce « économique », qui conte la lutte entre une multinationale américaine et une PME familiale française, pour régner sur le marché du papier toilette. La pièce est mise en scène dans une version courte par Roger Planchon en 1973 puis, en intégrale, par Christian Schiaretti, en 2008, toujours au TNP de Villeurbanne.
Suit une période de dix ans, entre 1971 et 1982, où Michel Vinaver alterne l’écriture de pièces qui creusent cette veine économique et celle de textes plus intimes, des « pièces de chambre », comme Dissident, il va sans dire et Nina, c’est autre chose, qui seront mises en scène par Jacques Lassalle. En 1977, il revient sur la guerre d’Algérie avec Iphigénie Hôtel, que met en scène Antoine Vitez.
Dans « L’Ordinaire », il s’interroge sur la fragile frontière entre civilisation et sauvagerie, en partant de l’histoire vraie de cet avion qui, en 1972, s’était écrasé dans la cordillère des Andes
En 1982, Michel Vinaver démissionne de chez Gillette et se consacre alors entièrement au théâtre, en tant qu’auteur mais aussi comme traducteur, critique et professeur, d’abord à l’Institut d’études théâtrales de Paris-III, puis à l’université Vincennes-Paris-VIII.
Au cours de cette période, il écrit une série de pièces majeures. L’Ordinaire, d’abord, pièce qui entrera au répertoire de la Comédie-Française en 2009. Michel Vinaver s’y interroge sur la fragile frontière entre civilisation et sauvagerie, en partant là aussi d’une histoire vraie : celle de cet avion qui, en 1972, s’était écrasé dans la cordillère des Andes, crash dont les rescapés avaient dû se résoudre au cannibalisme pour pouvoir survivre.
Cette veine anthropologique se poursuit avec Les Voisins (1984), qui met en scène les relations étranges entre les habitants de deux maisons jumelles, Portrait d’une femme (1984), qui sonde les abîmes d’un crime passionnel, et L’Emission de télévision (1988), dans laquelle deux cadres, collègues et amis proches, éjectés de leur entreprise à la suite d’une restructuration, se retrouvent en rivalité pour illustrer la condition de chômeur de longue durée de plus de 50 ans dans une émission de télévision de grande audience.
Malentendus
Puis ce sera King (1998), dans laquelle Michel Vinaver conte l’histoire saisissante et édifiante de King C. Gillette, auteur de brûlots révolutionnaires, inventeur du rasoir à lames jetables et grand patron capitaliste, en qui, sans doute, Michel Vinaver se regarde comme en un miroir déformé ou inversé.
En 2001, à chaud, juste après l’attentat terroriste de New York, il écrit 11 Septembre 2001, pièce polyphonique qui fait entendre toutes les voix des acteurs du drame, victimes et bourreaux, politiques aux commandes et êtres ordinaires. Cet oratorio du nouveau siècle sera créé au Festival d’Avignon, de manière un peu confidentielle, en 2003, sous la direction de Jean-François Demeyère, avant d’être mis en scène, avec plus de visibilité, par Arnaud Meunier en 2011.
Enfin, en 2014, Michel Vinaver revient à l’écriture avec Bettencourt Boulevard ou une histoire de France, directement inspirée de l’affaire et qui en dévoile les soubassements historiques et mythologiques. La pièce fait grand bruit et est mise en scène par Christian Schiaretti, fin 2015 et début 2016, au TNP de Villeurbanne et au Théâtre de la Colline, à Paris. Lire aussi Article réservé à nos abonnés « J’ai été immédiatement happé par cette histoire »
Il faut maintenant revenir sur ce théâtre qui peut susciter un certain nombre de malentendus. Parce que Michel Vinaver s’est intéressé très directement au réel, au banal, à l’« ordinaire », dont il a même fait le titre d’une de ses pièces, on pourrait voir en lui le chantre d’un « théâtre du quotidien » dont l’étiquette lui a longtemps collé à la peau, et d’un théâtre réaliste, pour ne pas dire journalistique. Il n’en est rien, même si Michel Vinaver siégeait, dans le grand bureau de son appartement du 6e arrondissement de Paris, au milieu de piles de journaux et de dossiers bourrés de coupures de presse, dont certains dataient de l’après-guerre.
Mais cet homme de verre fin et délicat, toujours d’une courtoisie réconfortante, vivait aussi dans un véritable petit musée composé de statuettes dogon, précolombiennes ou grecques, et de peintures de Jean Dubuffet. Et cela seul disait que pour lui, si l’art n’est jamais dissociable du réel, l’inverse est tout aussi vrai.
« Quelle est la relation de l’événement actuel, immédiat, avec la forme que doit prendre un écrit de théâtre ? Je n’ai pas la réponse, mais c’est ce après quoi je cours depuis toujours. »
Michel Vinaver ne récusait pas le terme de « théâtre d’actualité ». Mais il lui donnait un sens particulier, qu’il a détaillé dans un entretien accordé en novembre 2015 : « Un jour des années 1950, à la sortie d’un cours de Roland Barthes, j’ai noté ceci : “Mon matériau, le seul possible, c’est mon présent. Le présent, c’est ce qui colle à moi. Le nez sur le miroir.” Mais il faut s’entendre sur ce qu’on entend par “présent” ou “actualité”. A la source de mon travail, il y a aussi cette photographie qui montre deux objets préhistoriques trouvés en région souabe, près du Danube, et qui seraient vieux de trente mille ans. Ce sont de petits objets, une tête de cheval, un oiseau, et je me dis qu’on n’a jamais fait mieux dans le rapport à l’actualité que ces artistes-là : ils donnaient une figuration à ce qui les entourait dans l’immédiat de leur vie. » « En même temps, poursuivait Michel Vinaver, ce ne sont pas un cheval et un oiseau : ce sont des objets d’art, c’est-à-dire des formes. Il y a là une concentration de ce qui est à la fois le mystère et le défi de la représentation. C’est le passage de l’informe à la forme qui m’intéresse. Quelle est la relation de l’événement actuel, immédiat, avec la forme que doit prendre un écrit et notamment un écrit de théâtre ? Je n’ai pas la réponse, mais c’est ce après quoi je cours depuis toujours. »
« C’est cela, le réel »
Michel Vinaver avait trouvé la forme : toujours subtile, musicale, chez celui qui était aussi un mélomane. Si le mystère avec lui s’insinue dans les situations les plus banales, c’est parce que le dramaturge, comme son confrère allemand Botho Strauss, dont il avait d’ailleurs traduit Le Temps et la Chambre, savait déceler ce qui dans la vie quotidienne des êtres est irrigué par des courants souterrains et mythiques.
C’est ce qui lui plaisait tant, aussi, dans la peinture de Dubuffet : « Dès le début des années 1950, il était arrivé à faire exactement ce que je voulais réaliser dans l’écriture : peindre des personnages perdus dans le paysage. Des personnages que l’on ne peut pas distinguer de leur environnement ? C’est cela, le réel. Cerner par des traits ce qui sépare le personnage du paysage, c’est déjà une abstraction, une convention. Nous sommes perdus dans le paysage. »
« Même dans ce que j’ai écrit de plus intime, il y a toujours cette orientation d’être du côté du petit contre le grand, du faible contre le fort »
Alors théâtre politique, théâtre économique ou théâtre anthropologique, que celui de Michel Vinaver ? Théâtre engagé ? « Théâtre moléculaire », répondait-il. « Ecrire, c’est être dans le réel, et le réel est politique, est strié par le fait que nous sommes dans la cité, dans le monde. Alors il y a à ce moment-là des orientations qui se précisent et la mienne a été invariable : même dans ce que j’ai écrit de plus intime, il y a toujours cette orientation d’être du côté du petit contre le grand, du faible contre le fort. C’est une position politique si on veut, mais tout à fait en deçà de toute formulation idéologique. »
Michel Vinaver a été le premier – il a été largement suivi depuis – à embrasser à ce point le réel dans sa dimension économique, à inscrire autant l’homme dans le champ du travail. La raison n’en était pas uniquement sa connaissance du monde de l’entreprise. « Ce qui m’intéresse, c’est de donner sa pleine densité à la relation des personnages avec leur humus, et leur humus, aujourd’hui, c’est le travail. C’est le lieu où se nouent les sentiments, les tensions, les passions, les conflits. Tout ce qui fait la substance traditionnelle du théâtre, les jeux de pouvoir, de rivalité, d’amour, a aujourd’hui migré vers le champ économique, alors que s’affaiblissaient les grands champs précédents : l’Etat, la patrie, le quartier, le château, la chambre à coucher… »
L’« entrelacs »
En quoi est-il « moléculaire », alors, ce théâtre ? En raison du mode d’écriture de Michel Vinaver, qu’il définissait lui-même comme celui de l’« entrelacs ». « L’entrelacs fait que dans une molécule de dialogue, il peut y avoir à la fois l’économique, l’amoureux, et le conflit avec le chef ou qui on veut. Ce mode d’écriture polyphonique est une façon de répondre à cette envie d’être dans le réel : le réel est fait d’un tissu comme celui-là, où se mêlent la guerre d’Algérie et des problèmes de coiffure. »
Quant à l’engagement, Michel Vinaver ne niait pas qu’il y en ait dans son théâtre. Mais, là encore, à sa manière. « L’engagement chez moi n’est pas lié à un projet. Je ne pars pas d’une intention, mais de la confiance dans ce qui est écrit, en espérant que ça va agir. » « La fonction du théâtre, c’est quand même de déplacer un peu les spectateurs, de les décaler par rapport à là où ils sont calés, à leurs habitudes mentales, affectives, ajoutait Michel Vinaver. La distanciation que Bertolt Brecht opérait de manière dénonciatrice, elle est moléculaire chez moi : il s’agit, par d’infiniment petites secousses, très reliées les unes aux autres, de faire que les gens en sortant de la pièce se disent : “Ah, ce n’est pas exactement le point de vue que j’avais en entrant.” »
Ainsi en va-t-il du théâtre de Michel Vinaver, qui réconcilie l’art et le présent, le trivial et le sacré, et a tendu un miroir en éclats à tous les grands problèmes du temps.
Pourtant, il pouvait arriver à Michel Vinaver, lui aussi, de rester muet de sidération et d’horreur devant l’actualité. En janvier 2015, son petit-fils, Simon Fieschi, avait été grièvement blessé dans l’attentat contre Charlie Hebdo. Quand on lui avait demandé s’il voulait prendre la parole sur l’événement, l’homme qui avait écrit 11 Septembre 2001 avait répondu qu’il n’en était pas capable. Avec le temps, peut-être aurait-il pu envisager d’affronter aussi cet insondable-là. Mais le temps l’a rattrapé, ce temps que Michel Vinaver, vous offrant une tasse de thé russe dans son calme bureau bordé d’arbres, semblait avoir apprivoisé de manière toute proustienne. Michel Vinaver en quelques dates
13 janvier 1927 Naissance à Paris
1950 « Lataume », premier roman (Gallimard)
1955 « Aujourd’hui ou les Coréens », première pièce
1966-1982 PDG de Gillette France
1969 « Par-dessus bord »
1988 « L’Emission de télévision »
1998 « King »
2001 « 11 septembre 2001 »
2014 « Bettencourt Boulevard ou une histoire de France »
1er mai 2022 Mort, à Paris, à 95 ans
Fabienne Darge