Chloé, de la prépa à l’architecture, sans oublier le théâtre!

Comme beaucoup d’entre nous, je suis allée en prépa parce que je ne savais pas trop quoi faire après le lycée, que j’avais de bons résultats à peu près partout et que j’adorais apprendre, notamment tout ce qui touchais aux matières littéraires.

J’ai voulu jouer le jeu à fond et j’ai fait les deux années, hypokhâgne option théâtre puis khâgne classique spécialité théâtre. Que dire rétrospectivement sur ces deux années ? Je ne crois pas que je regrette de les avoir faites, la prépa forge une grosse culture générale qui reste utile pour toujours, et j’ai vraiment découvert le théâtre à ce moment-là : gros bouleversement, véritable épanouissement, et même si je n’ai pas continué mes études dans ce domaine je continue à aller régulièrement au théâtre et à ne plus pouvoir m’en passer.

Pour en revenir à mon parcours, à la moitié de la khâgne, il fallait faire des vœux post-bac sur la plateforme en ligne, et je n’avais toujours aucune idée de ce dans quoi je voulais continuer. J’ai longtemps eu la mise en scène ou la scénographie en tête, mais j’avais en même temps peur de faire du théâtre mon centre d’étude et de vie, et de risquer d’en être écœurée à force. Me concernant, ce fut une très très sage décision de me tourner vers autre chose. Presque par hasard, un peu au dernier moment, j’ai choisi de recommencer en première année d’étude et d’entrer en école d’architecture.

Probablement une des meilleures idées que j’ai jamais eues.

Là-dessus, une remarque très importante : n’écoutez pas les gens qui vous diront que vous avez perdu deux ans d’études !!

1) Parce que vos deux années de prépa vous serviront toujours à quelque chose, parce qu’elles ont fait de vous une personne différente de celle que vous étiez avant, que vous avez appris énormément de choses, et que vous n’envisageriez probablement pas les choses comme vous le faites maintenant sans elles.

2) Parce que dans plein de formations un peu difficiles d’accès, vos deux années de prépa sont un plus que les autres n’ont pas. Jamais l’école dans laquelle j’ai été acceptée à Paris, qui est l’une des meilleures de France, ne m’aurait acceptée sans mes deux années de prépa.3) Parce que c’est très français cette façon de penser en terme de productivité et de nombre d’années d’études. Le fait de devoir entamer une licence directement après le lycée pour ensuite enchaîner avec un master et travailler au plus vite ne peut pas correspondre à tout le monde, et c’est tout à fait normal, il ne devrait y avoir aucune notion d’échec à voir là-dedans. En Allemagne, énormément d’élèves partent travailler après le lycée : ils font du work-away, du woofing, en profitent pour voyager, ou font un service civique. Beaucoup aussi essayent plusieurs études avant de s’arrêter sur quelque chose, ou bien finissent une licence pour travailler pendant plusieurs années et reprendre un master plus tard. Ce qui fait qu’ils finissent souvent leurs études bien plus tard que nous, mais aussi qu’ils ont des profils bien plus divers qui enrichissent lesdites études. Quand on arrive à la fin de la licence à 21 ans, ça leur paraît bizarre. Tout ça pour dire que : c’est la société qui fixe le cadre de la normalité dans lequel vous êtes. Il ne tient qu’à vous de décider si ce cadre vous convient ou si vous n’en voulez pas.

Ah, et autre petite remarque : n’ayez pas peur de vous retrouver avec des gens plus jeunes (je le précise parce que c’était une de mes angoisses) ! Déjà, vous trouverez toujours des gens qui ont fait d’autres choses avant comme vous. Et je dis peut-être un fait complètement banal, mais tant pis : la maturité ne se façonne pas avec le nombre d’années vécues, mais avec le contenu de ces années.

Enfin, quelques mots sur l’architecture : j’ai choisi ce domaine à l’origine en me disant qu’il y avait des passerelles avec la scénographie, et que si je sentais que le théâtre devait vraiment être au cœur de ma vie, je pouvais toujours y revenir. Bon à savoir, peut-être : il y a des masters spécialisés en scénographies dans certaines écoles d’architecture, et un DPEA scénographie à l’école d’architecture de Nantes. Il se pourrait bien, aussi, que ce genre de formation atypique plaise à des grandes écoles nationales de théâtre.

Mais en ce qui me concerne, j’ai découvert en architecture une immensité de choses qui me passionnent, et pour lesquelles je sens que mes capacités peuvent être utiles. Il n’est donc aujourd’hui plus question de scénographie, mais d’architecture participative, qui cherche à inclure les habitants et futurs usagés à la conception voire à la construction du projet, ainsi que d’architecture durable, qui tente de s’adapter aux enjeux environnementaux actuels : matériaux bio-sourcés et locaux, énergies renouvelables, respect de la typologie du terrain, ventilation naturelle, récupération des eaux de pluies, etc. Je pourrais aussi parler de l’architecture d’urgence, qui vient en aide aux gens suite à des catastrophes naturelles, à des habitats détruits ou à de grands flux migratoires qui laissent les gens sans abris. Autant de sujets qui m’intéressent aujourd’hui. L’architecture demande à la fois de l’intérêt pour l’histoire et pour la géographie, mais aussi beaucoup de connaissances et de compétences sociales, de pouvoir devenir un médiateur entre différents types de personnes (les futurs habitants, les commanditaires, les ingénieurs, les constructeurs, les assurances, etc) et d’avoir aussi en sens de l’esthétique et de la vision globale du projet.

En fonction de l’école que vous choisissez, elle sera davantage orientée artistique, scientifique ou sociale, donc renseignez-vous bien sur ce que vous voulez. Dernière info bonne à savoir : il n’est pas du tout nécessaire d’avoir un bac scientifique pour entrer dans une école d’architecture. Le plus gros des calculs constructifs sont en fait aujourd’hui réalisés par les ingénieurs.

Voilà, je crois avoir donné toutes les informations que j’aurais bien aimée avoir lorsque j’étais en prépa ! En espérant que mes expériences pourront être utiles à d’autres !