MASTERCLASS AVEC CELINE OHREL: APPROCHE DE LA FURIE DES NANTIS D’EDWARD BOND

Au cours d’un atelier de 16h les étudiants ont approché le texte de Bond d’abord par un travail à la table, puis par un processus de dramaturgie appliquée au plateau. Céline Ohrel, auteure, metteure en scène et comédienne les accompagne dans un processus qui vise moins la construction d’un spectacle que l’utilisation de la pièce pour réfléchir, poser les problèmes de l’humanité: poser les bases du texte sur le plateau, c’est renouer avec les conditions du paradoxe de Palerme, avec ce que le théâtre peut léguer de problématique à dire et jouer.

Dans l’exercice simple du dépouillement des intentions qui peuvent recouvrir et surinterpréter le scénario-catastrophe, ils redécouvrent l’articulation du dramatique et de l’épique dans l’adresse de chaque réplique, perpétuelle oscillation. Le travail des choeurs est particulièrement l’occasion de travailler sur l’évocation et l’émoi.

C’est aussi l’occasion aussi de saisir la logique rythmique et visuelle de la langue de Bond: images denses, obsessionnelles, qu’il faut évoquer en soi et pour autrui, rythmes tortueux entre logorrhée des nantis qui ont trop longtemps refoulé la mort et la catastrophe, obsession langagière du premier homme qui s’est acharné à conserver le langage.

En ressortent plus nettement les circuits troubles du raisonnement: comment un principe, un idéal affiché se dissout au moment de la pratique, comment l’accueil philanthropique de l’homme 2 devient aussi fermeture meurtrière. Comment un individu est pour les autres à la fois lui-même, un autre radical et un membre d’une communauté plus large dont on rêve mais qu’on a aussi congédiée et oubliée. Comment la frénésie de l’accueil laisse place au souhait de pouvoir retrouver la puissance meurtrière des bombes.