Phallus stories, un monologue entre tabou et humour d’une femme enquêtant sur les pouvoirs symboliques du phallus.

Ce mercredi 10 décembre 2020, à 16h, a eu lieu la représentation de la Compagnie 1% artistique intitulée : Phallus stories. Mis en scène, écrit, créé et joué par Garance Bonotto, en collaboration avec Lucie Mazières, ce spectacle nous expose l’histoire du phallus, ses représentations, ses symboles, son pouvoir, sans aucun tabou ni complexe, avec une parole naturelle et libre. Sa forme hétérogène et surprenante provoque chez le spectateur l’étonnement et le malaise comme le rire et l’intérêt.Tout ce projet résulte de l’enquête d’une femme sur l’effet de posséder un pénis : le pouvoir que cela implique, les conséquences sur sa vie et la vie des autres, intérieurement comme extérieurement, les périodes de découvertes comme d’acceptation, ainsi que les symboles et représentations phalliques dans notre quotidien…tout y passe.

Le spectateur est ainsi confronté à un sujet connu mais rarement porté à la scène, ce qui a pour but de le sortir de sa zone de confort en étant pris à témoin dans ce questionnement. Indirectement impliqué dans l’action avec la comédienne (tantôt elle s’adresse à lui tantôt l’oublie), le public peut tout à la fois être mal à l’aise, étonné, surpris mais aussi intéressé, et passer du rire nerveux au questionnement le plus profond au gré des différents styles abordés. Garance Bonotto va donc partir de la réalité et des questionnements que celle-ci a engendré chez elle, en tant que femme, et la comédienne va ainsi tenter d’y répondre à partir de ses recherches : réseaux sociaux,représentations phalliques en plastique, symboles phalliques dans le monde, témoignages d’amis hommes (hétérosexuel, homosexuel, transgenre) qui évoquent leurs ressentis, leurs souvenirs, leur acceptation, leur découverte…Et le spectateur va donc assister au cheminement de la réflexion chez la comédienne, et à ce qu’elle va en conclure en tant que femme. Une expérience est proposée au public, surprenante, qui passe par plusieurs séquences distinctes : nous passons de la présentation de la réalité au travers d’une conférence, et des questionnements intimes, à des danses suggestives, épluchage de légumes, qu’elle finit par dévorer et déchiqueter, course, playlist musicale et inventaire d’objets… : le public est tour à tour mal à l’aise et surpris, puis à l’écoute et en pleine réflexion. Il assiste donc réellement ainsi à l’avancement de la comédienne et du spectacle dans les interrogations, les fausses et les bonnes routes, et l’aboutissement final : cela invite donc le spectateur à se questionner sur sa propre vision des choses.

L’overdose d’objets qui provoque chez le spectateur un sentiment recherché d’inconfort, d’étouffement, pour ‘dénoncer’ la surreprésentation du phallus dans notre réalité est tempéré par des moments de vide, de dépouillements du plateau. L’éclairage resserré, souvent en douche, n’éclaire que la comédienne et crée une atmosphère assez intimiste, propice aux confidences et aux questionnements; ainsi, le spectateur est observateur, mais aussi confident. Et presque parfois participant, car le spectacle sollicite sans cesse sa réflexion, le provoque. Le dispositif frontal de la scène permet au public d’avoir une bonne vision sur l’entièreté du plateau, dont l’espace est bien occupé par la comédienne, au furet à mesure de la pièce. Dès le début de celle-ci, Garance Bonotto porte un costume qui évoque un phallus, avec un couvre-chef qui symbolise un prépuce,et elle court sur place, sur un mix musical qui regroupe différents extraits de musique faisant allusion au pénis. Par conséquent, le spectateur est tout de suite plongé dans l’ambiance de la représentation et du sujet par le biais du rire comme de la gêne. La performance physique et vocale de ce spectacle stimule le public et capte facilement son attention, tout comme les accélérations rythmiques de certains moments de la représentation. Celle-ci possède donc un style particulier, qui aborde le ‘tabou’ mais avec humour. Finalement, ‘la boucle est bouclée’ car le spectacle débuté sur des chansons grivoises se termine également sur une chanson plus originale, mais que d’avancée entretemps il nous aura fait parcourir entre nos représentations et tabous ordinaires et la pensée joyeuse qui prévaut enfin. C’est donc un pari assez osé, qui fonctionne de façon générale en faisant sortir le public de sa zone de confort et en le confrontant à des interrogations qui composent son quotidien. (L.J.)